Être ou ne pas être [une abeille]: telle est la question pour les actrices* du changement

* Pour faciliter la lecture, les mots sont, cette fois-ci, au féminin. Loin de moi l'idée d’exclure les hommes… au contraire!

Mon dernier article portait sur l'influence d’autrui pour devenir des actrices du changement et lancer des mouvements. Il s'avère que s'il faut être "deux pour danser le tango", mieux vaut oser faire le premier pas. Ceci étant dit, quelques questions demeurent. Comment se lancer? Dans quelle direction ? Les stratégies de changement se valent t-elles toutes? 

Pour activer un changement systémique, je me suis souvent demandé ce qui déclencherait le meilleur impact:

  • Se concentrer sur la théorie et la vision et laissez d’autres s’en emparer?

  • Créer des initiatives facilement réplicables et ‘“scalable”?

  • Se concentrer sur des “quick wins” (petites victoires) pour plaire aux potentiels alliés? 

  • Se comporter comme une louve solitaire en lançant des initiatives jusqu'à ce que d'autres nous rejoignent ? 

  • S'échapper de la foule et créer un écosystème à partir de rien ?

Toutes les stratégies diffèrent. Chacune présente des avantages, des inconvénients et des spécificités. Néanmoins, un principe peut aider à les classer en deux grandes catégories d'options : décider, ou non, d'agir en tant qu'abeille [‘To bee or not not bee’]. 

La valeur ajoutée des ‘abeilles actrices du changement’ 

Les abeilles peuvent sembler à la fois effrayantes en raison de leur dard, et fragiles en raison de leur taille et de leur courte durée de vie. Aujourd'hui, ces insectes sont en voie de disparition et peu de gens en saisissent les conséquences considérables pour l'humanité, si ce n'est le manque de miel et son prix croissant sur le marché. 

En réalité, les abeilles jouent un rôle bien plus important pour la vie sur terre. Voici quelques exemples: 

  • Flore : Au-delà du sol, de l'eau et du soleil, l'extrême majorité des plantes dépendent de la pollinisation croisée pour se développer. Devinez qui est l'un des principaux pollinisateurs ? Les abeilles! !Elles pollinisent des milliards de plantes chaque année. 

  • Cycle de vie : Au moins 20 espèces d'oiseaux, d'araignées et d'insectes se nourrissent d'abeilles pour vivre.

  • Chaîne alimentaire: Les pollinisateurs comme les abeilles jouent un rôle clé dans 35% des récoltes alimentaires mondiales. 

  • Économie : "La valeur des récoltes mondiales dépendant directement des pollinisateurs est estimée entre 235 et 577 milliards de dollars par an", selon la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.

Vous vous demandez peut-être quel est le rapport avec les actrices de changement et leurs stratégies... 

Tout comme les abeilles, les actrices de changement peuvent sembler petites, insignifiantes, voire effrayantes pour les autres membres de leur écosystème. Pourtant, elles sont essentielles à la survie et au développement de ce même écosystème. 

 La stratégie des ‘abeilles actrices du changement’ 

Les abeilles illustrent parfaitement les principes de la conduite du changement. En voici quatre principaux : 

 1. Le changement commence par soi:

Pour créer une dynamique, il est nécessaire d'amorcer le changement de l'intérieur et de montrer l'exemple. Durant les premiers jours de leur vie, les abeilles nettoient l'intérieur de la ruche, puis nourrissent les larves nées des œufs de la reine. Ensuite, elles produisent de la cire et se positionnent à l'entrée de la ruche pour la défendre. Enfin, jusqu'à la fin de leur vie, elles pollinisent les fleurs dans le monde extérieur. 

2. Le changement est progressif et holistique : 

Travailler dur et progressivement, à travers plusieurs dimensions, est crucial lorsqu'on vise un impact global. Les abeilles sont bien connues pour leur détermination infatigable et leur travail constant dans les ruches ou par la pollinisation. Elles se déplacent de fleur en fleur, les pollinisant les unes après les autres. Elles créent des synergies entre toutes les plantes grâce au pollen qu'elles transportent. Les abeilles créent des liens invisibles d'une manière incroyable et, à chaque fois, unique. Si chaque acte peut sembler anecdotique en soi, il affecte la vie de milliers et de milliers d'espèces. 

3. Le changement résulte d'actes individuels et collectifs : 

En exploitant nos talents tout en recherchant la complémentarité au sein de notre communauté, nous nourrissons notre écosystème. On pense souvent aux fourmis lorsqu'il est question de travail en équipe. Pourtant, l'abeille est un autre exemple vivant des bienfaits du travail en groupe, tant pour la communauté que pour les abeilles elles-mêmes. Le partage des tâches se fait naturellement et harmonieusement. Leur grande variété (plus de 20 000 espèces), leur capacité à voler et à explorer le monde, leur confèrent une touche de liberté que j'envie grandement. 

4. Le changement a une raison d'être: 

Croire en sa mission, prendre du plaisir tout au long du chemin, nous ouvre la voie vers le succès ! Si l'abeille est une travailleuse sérieuse et dévouée, elle incarne également le plaisir de la découverte, de la connexion et de l'acceptation de l'ici et maintenant. L’abeille valorise la satisfaction du travail bien fait et le plaisir de se donner à une cause qui dépasse ses limites. Les abeilles apportent de multiples et cruciaux bénéfices sociaux, environnementaux et économiques à la vie humaine sur terre. Ne nous trompons pas, ces bénéfices sont les conséquences de leur dévouement pour leur mission. 

Est-ce que "tous les chemins mènent à Rome"?

J'ai beaucoup débattu avec mes amis et mes pairs de la question initiale : "Quelle est la meilleure stratégie pour activer un changement systémique au profit de la planète?". Étant donné que la vérité et l'efficacité font partie de mes valeurs fondamentales, je ressentais, à chaque fois, une grande incertitude et un syndrome de l'imposteur. 

Au bout d’un moment, j'ai réalisé que je voulais inconsciemment atteindre la fin du voyage pour découvrir la vraie réponse. De toute évidence, cela me rendrait inutile pour apporter une solution à ceux qui sont encore en chemin. Du coup, j’ai pris le pari de penser que la vie vaut tout simplement la peine d'être expérimentée et vécue, avec sa part d’erreur et de réussite. 

Aussi étrange que cela puisse paraître, je me demande même s'il est vraiment utile d'évaluer quelle stratégie de changement est la meilleure pour parvenir à un monde durable, harmonieux et centré sur la nature. Il est impossible d’obtenir un changement systémique avec une seule solution. J'ai accepté de reformuler la problématique. Au final, l’enjeu est d’accepter que la plupart des solutions sont, d'une certaine manière, connues, et que le principal blocage est notre préférence à résister et à débattre plutôt qu'à changer. 

"l'herbe est-elle plus verte ailleurs"? 

Plutôt que de révéler des dilemmes ou des limites, ces questions ont éclairé ma façon d'être une actrice du changement. Plutôt que d’essayer d'être autre que je suis et d'avoir honte d'un tel style de leadership, je suis maintenant prête à agir comme une abeille dans un monde industrialisé.  J'ai compris que ma valeur résidait dans la réconciliation des mondes divers, de la théorie et l'action, de l’intuition et du rationnel. J’ai décidé d’être en confiance avec mon approche holistique et multidimensionnelle. Pour le moment, je n'ai ni le courage ni la volonté de me déconnecter de notre système actuel qu’il me plaise ou non. Pourtant, je n'adhère ni au statu quo, ni aux logiques rationnelles de solution unique. Je crois à une transformation harmonieuse et de l’intérieure.  

J'aime tester et polliniser les solutions avec d'autres acteurs du changement. J'aime valoriser le pouvoir que je vois si clairement dans les autres ; les ingénieurs, les intrapreneurs, les entrepreneurs, les fonctionnaires, les médecins, les journalistes, les chercheurs, les bénévoles et les nombreuses autres actrices du changement qui m'entourent. 

Je crois qu'il faut semer plusieurs graines, en fonction des contextes et des contraintes. Je sais que certaines ne fleuriront pas. Je sais que certaines ne s'adapteront qu'à un certain environnement, tandis que d'autres pourront se développer partout. Ces prises de conscience m'ont permis de relâcher la pression sur moi-même quant à la meilleure stratégie de changement. Mais surtout, elles ont motivé mon désir d'agir en tant que leader, artiste, intervenante, amie critique, coach et facilitatrice. 

Activer le changement 

Plutôt que de pointer du doigt les défauts des efforts sincères des autres pour apporter un changement positif, pourquoi ne pas coopérer pour éviter la disparition des actrices du changement? 

J'ai un défi (rapide) à vous lancer aujourd'hui. Êtes-vous prêt(e) à me suivre ? Je vous invite à répondre et à réagir à ces questions :

  • Quelle abeille voulez-vous être? 

  • Êtes-vous prêt(e) à incarner votre propre style de leadership et de changement ? 

  • Pouvez-vous célébrer vos stratégies, uniques, avec d'autres acteurs de changement? 

Si oui, que ce soit en privé ou sur votre média social préféré, je vous invite, aujourd'hui, à mentionner et à valoriser un acteur ou une actrice du changement et sa contribution.  

Merci …

à toutes les abeilles qui nous montrent la voie!


N'hésitez pas à partager vos retour sur cet article.

VVoulez-vous devenir le. la leader que vous souhaitez pour le monde que vous attendez ? Est-il temps de trouver et d’affirmer votre leadership ? Souhaitez - vous intégrer les enjeux d’impact positif et de raison d’être au coeur de votre organisation ? L’enjeu est -il d’accélérer l'engagement de votre écosystème pour créer un changement systémique ?

Si vous répondez par l’affirmative et si vous voulez être accompagné.e sur votre chemin, contactez-moi ! Voici un lien pour réserver un entretien d'exploration et le formulaire pour élaborer davantage votre ambition et vos défis.